Un cadeau pour deux petits anges ! >Elisa<

Un léger vent déferlait une vague de fraîcheur dans les rues d’Achilty. Mòrag, sur le point de sortir de chez elle, enfilait son manteau de laine. Elle boutonna les quatre boutons du vêtement rouge vif qui lui arrivait un peu au-dessus des genoux et habilla ses cheveux d’une casquette souple de couleur noire. Devant son miroir, elle apprécia son reflet tout en vérifiant que sa tenue lui convenait.

L’unique fille du clan MacIan ne s’était pas vêtue ainsi pour un rendez-vous galant mais simplement pour faire un tour dans la petite ville. Elle n’avait qu’une simple course à faire, mais cela ne l’empêchait pas de vouloir révéler un côté élégant. D’humeur joyeuse et plutôt en forme, la jeune femme décida de rejoindre la rue commerçante à pied. Elle avait en tête d’acheter un cadeau pour sa nièce et son neveu. Le jour précédent, elle avait passé quelques heures avec eux, et fut atterrée de réaliser qu’aucun d’eux ne possédait de livres : trop occupé à jouer au piano ou à se défouler sur les terrains de sport quand ils n’étaient pas derrière la télé. Elle se souvenait que quand elle avait leur âge, elle avait le droit, tous les soirs, à un chapitre lu par sa mère. Elle avait gardé un excellent souvenir de cette période et fut attristée que ces deux petits anges ne connaissaient pas encore cela.

Décidée à vouloir corriger cette petite bévue, elle se rappela qu’une librairie existait à Achilty. Elle n’y était jamais encore allée. En général, elle préférait faire ses achats à Iverness, elle était sûre d’y trouver tout ce qu’elle désirait. Mais là, c’était une urgence et puis ça lui permettait inaugurer enfin la boutique.

Quand elle entra dans la librairie, une douce onde de chaleur réchauffa ses joues légèrement rosies par le vent extérieur. Elle ôta sa casquette qu’elle rangea dans son sac et rajusta sa coiffure. En même temps, elle observa le petit magasin. Un seul client était présent à moitié dissimulée derrière une étagère.

Mòrag avait l’habitude de se faire servir et n’aimait pas perdre son temps à fouiner à travers les rayons. Elle se dirigea avec donc tout naturellement vers le comptoir où se trouvait la vendeuse. Elle s’adressa à elle avec un sourire.

- Bonjour Mademoiselle! excusez-moi mais pourriez vous me dire si vous avez des livres pour enfants ?

Mòrag avait l’impression d’avoir déjà vu la jeune femme derrière la caisse, mais ne pouvait pas mettre un nom sur son visage, ni dire dans quel contexte elle l’avait déjà vu. À vrai dire, elle ne faisait plus vraiment attention aux anciennes petites amies de ses frères. Tout comme elle, les deux plus jeunes garçons MacIan avaient l’habitude de vite se débarrasser de leurs prétendantes. En entrant dans la librairie, elle ignorait donc totalement que c’était la boutique d’une ancienne conquête de son petit frère.

Dans l'arrière boutique, Eli' était suspendue au téléphone depuis une bonne demi-heure à écouter sa correspondante lui raconter sa vie... Comme si elle avait appelé pour ça à la base! Mais bon, Suzy lui était d'un grand secours, elle ne pouvait pas l'envoyer paître comme une vieille chaussette alors que sa correspondante était au plus mal. Penchée en avant, appuyée avec les coudes sur son bureau, la jeune anglaise écoutait l'autre parler tandis qu'elle-même triturait son stylo et gribouillait sur un papier brouillon en même temps.

"C'est vraiment terrible... Ca a du être très dur pour toi."

"Tu ne peux même pas t'imaginer! J'étais au trente-sixième dessous..."

Et ça continuait, encore et encore... La sonnette de la porte d'entrée indiqua qu'un client venait de faire un pas dans sa boutique. Enfin, la bonne excuse pour terminer la conversation et peut-être se remettre au travail!

"Excuses-moi Susan, un client vient d'arriver, il faut que je te laisse. Je te rappelle très vite!"

"Ok my dear! A la prochaine!"

Etrangement, son ton n'était plus du tout désespéré... En raccrochant le combiné, la brunette se frappa le front du plat de la main. Avec toutes ces histoires, Susan avait réussi à l'embrouiller et finalement, elle n'avait même pas pu le poser la question pour laquelle elle l'avait appelé à la base... Misère...

L'anglaise sortit de l'arrière boutique pour accueillir son client qui déclara jeter un oeil. Elisa le laissa donc faire et s'installa derrière son comptoir pour commencer à taper sur l'ordinateur. L'idée de rappeler Susan la traversa mais elle la repoussa bien loin en se disant qu'elle aurait le temps de le faire une fois la journée terminée.

Tapant avec dextérité sur son clavier, elle mettait à jour son inventaire, fait physiquement la veille... Le stock en lui-même n'était pas énorme, et elle n'avait que deux cartons qui trainaient encore dans l'arrière boutiques en attente d'être rangés, la plupart des ouvrages étant déjà sur les étagères.

La clochette de la porte tinta à nouveau, annonçant une nouvelle arrivée. Eli' releva la tête et tourna un instant les yeux vers l'autre client pour le situer puis revinrent se poser sur la cliente qui venait d'entrer. Mòrag MacIan, la soeur de Duncan. Elle ne lui avait jamais parlé, l'avait simplement vu de loin une fois où deux et en avait principalement entendu parlé par Alana.

Mais commerciale avant tout, elle offrit un sourire à la jeune femme qui s'approcha d'emblée du comptoir pour lui demander un renseignement.

"Bonjour. Des livres pour enfant? Oui j'en ai quelques uns, après tout dépend de l'âge... Il y a les livres éducatifs pour les tous petits, dont j'ai très peu d'exemplaires, les petits livres d'histoires pour les enfants qui commencent à lire, puis pour les un peu plus grand..."

Contournant le comptoir, elle invita d'un geste la jeune femme à la suivre et elle la conduisit vers le coin de la librairie destiné à la jeunesse.

"Je sais que le rayon n'est pas très riche, mais la clientèle n'est pas très nombreuse pour ce genre d'ouvrage... Si rien ne vous inspire, je peux toujours commander..."

Tout pour satisfaire le client, même faire venir un livre de Londres ou même d'un autre pays s'il le faut...

(hs : désolé c'est très court cette fois, j'arrive pas faire mieux, j'ai beau réfléchir ... Pour ma défense, je dois supporter Maxime tout la journée et toutes les deux minutes j'ai droit à une de ses questions....)

Accueillie par un souriante et serviable jeune fille, Mòrag ne regrettait pas d’être entrée dans cette petite boutique. Certes, elle n’avait pas encore ce dont pourquoi elle était entrée, mais elle semblait être sur la bonne voix. Surtout que la libraire semblait ravie de pouvoir l’aider, ce n’était sûrement une quelconque jeune fille qui travaillait ici simplement pour avoir de l'argent chaque mois. Non, là elle avait affaire à une libraire qui n'hésita pas à se lever et indiquait à Mòrag où trouvait ce qu'elle désirait. Elle suivit sans broncher la jeune fille jusqu’au rayon enfant. La jeune MacIan s’accroupit légèrement pour lire les exemplaires présents alors que la propriétaire de la boutique lui avouait que le rayon n’était pas très fournie.

- En fait, c’est en quelque sorte une course urgente de dernières minutes. J’aurais aimé les avoirs dès aujourd’hui. C’est pour mes neveux, ils ne lisent pas vraiment et je voudrais leur offrir quelques chose d’une peu classique pour qu’il voit un peu autre chose que leur console de jeux

Elle se releva finalement pour pouvoir s’adressait plus directement à son interlocutrice. Après tout elle devait mieux connaître le rayon qu’elle qui n’avait que jeter un rapide coup d’œil peu efficace et dont le seul nom qu’elle reconnu était Harry Potter …

- Vous savez les classiques du genre les contes les plus connus, le Petit Poucet, La belle est la Bête, Peter Pan ….

Elle était à court d’idée, elle ne poursuivit donc pas sa liste. Et puis le visage d’Elisa lui semblait de plus en plus familier, pourtant elle n’était jamais entré ici. Elle avait aussi l’impression d’avoir fait plus que de la croiser dans la rue. Plutôt directe dans ce genre d’occasion, elle n’hésita pas un moment à lui pausé la question qui trottait dans la tête :

- Dites, votre visage me semble familier, on s’est déjà croisé ??

Elisa écouta avec attention Mòrag MacIan alors qu'elle lui parlait. C'était un besoin immédiat qu'elle avait pour ses neveux, inutile donc de commander quoi que ce soit à Inverness. Elle voulait du classique? Eli' en savait assez sur les MacIan pour connaître l'âge des deux enfants. Six et huit ans si sa mémoire était bonne, et il y avait une fille et un garçon.

Croisant les bras et prenant une posture pensive, un doigt se tapotant le menton, elle parcourut le rayon des yeux, en long et en large, afin de trouver quelque chose pour sa cliente. Ses yeux tombèrent sur un recueil des contes de Grimm et elle allait s'en saisir quand la voix de la jeune femme l'arrêta dans son élan.

- Dites, votre visage me semble familier, on s’est déjà croisé ??

Soudain l'anglais se sentit quelque peu mal à l'aise face à la jeune femme. Rester sur un terrain neutre et commercial, elle pouvait sans problème, mais là, la jeune MacIan l'entraînait sur un terrain plus personnel. Elle ne voulait pas dire du mal de son frère devant elle, de peur de perdre une cliente potentielle. Mais en même temps, elle ne savait pas bien mentir.

"Achilty est une petite ville et une nouvelle arrivante ne passe pas inaperçu. Mais il est plus probable que mon visage vous soit familier parce que j'ai connu un temps votre frère cadet, Duncan."

Elle n'en dirait pas plus, après tout ce n'était ni le lieu, ni le moment de parler de ces choses là et encore moins avec l'un des membres de la famille MacIan. Et puis de toute manière, le sujet était dénué d'intérêt. Ils s'étaient fréquentés quelques semaines alors qu'Eli' était encore à la fac, lui venant souvent à Inverness. Puis il avait fini par se désintéresser d'elle et l'avait laissé sans véritablement d'explication. Elle n'avait pas pleuré - elle n'était pas amoureuse - mais avait été très en colère après la façon dont cela s'était terminé. Non mais... Aucune manières, aucun respect. Ce n'était qu'un petit blanc bec qui passait de femme en femme et ne se souciait guère de savoir s'il les blessait en les abandonnant comme de vieilles chaussettes.

Jetant le sujet Duncan MacIan aux ortilles, la jeune anglaise replongea dans le vif du sujet en attrapant le livre qu'elle avait remarqué quelques instants plus tôt.

"Les contes de Grimm version illustrée. Indémodables, vous ne risquez pas de vous tromper. Qui plus est, ils plaisent autant aux petites filles qu'aux petits garçons. Une chance, non?"

Elle tendis l'ouvrage à la jeune femme pour qu'elle s'en saisisse. Subitement, elle avait envie que l'écossaise termine ses achats rapidement et qu'elle quitte sa petite boutique tout aussi rapidement. Elle n'avait pas envie d'autres questions, de peur de devenir blessante et se mettre à dos la jeune MacIan n'était pas dans ses intentions.

Il n’y avait pas de doute, Mòrag possédait l’art et la manière de s’adresser à la gent masculine. C’était une croqueuse d’homme, elle savait toujours ce qu’il fallait dire ou faire pour en séduire un. Par contre, face à une femme, elle manquait de tact, elle n’amenait jamais les choses subtilement et elle ne faisait pas vraiment d’effort pour changer cela. Du coup, quand elle interrogea la jeune libraire pour savoir si elle se connaissait déjà, elle remarqua immédiatement le malaise que cela provoquât.

Pourtant elle aurait du sans douter ! Mòrag ne cherchait pas à connaître les autres habitants de la ville. Si elle reconnaissait le visage de quelqu’un dans la rue d’Achilty, c’était soit qu’il s’agissait d’une personne qui travaillait à la distillerie, soit que c’était une de ses anciennes conquêtes, soit que c’était une ancienne conquête d’un de ses frères. Et dans le cas de la jeune Anglaise, il n’y avait pas beaucoup de possibilité. Et d’après l’âge qu’elle semblait avoir, Mòrag aurait tout à fait pu déduire qu’elle avait fréquenté Duncan, si la brunette ne lui avait pas précisé. Quoi que cela aurait tout à fait été plausible avec Douglas aussi…

Elisa ne précisa pas qu’elle était sortie avec lui, elle indiqua simplement qu’elle l’avait connu. Avait connu un temps, pas qu’elle le connaissait (toujours)... et comme il était, bien heureusement, encore vivant, cela voulait dire que ce n’était plus d’actualité. Il ne fallut pas bien longtemps à Mòrag pour deviner qu’ils étaient sortis ensemble, et fidèle à lui-même Duncan avait rompu avec la jeune fille sans prendre de pincette. N’importe quelle sœur aurait pu être indigné de ce comportement, avoir envi de s’excuser à la place de son frère. Et bien pas Mòrag ! pour la simple raison qu’elle faisait exactement la même chose de son coté. D’ailleurs Elisa ne semblait pas vouloir entendre des excuses de sa part, vu qu’elle changea immédiatement de sujet en revenant à la raison de la venue de Mòrag dans la boutique. La libraire lui suggéra les contes de Grimm en version illustrée. Mòrag accepta le livre en ses mains et le feuilleta. Elle se souvenait en avoir lu quelques-uns. Des petites histoires merveilleuses qui finissent généralement biens mais le sort du méchant était souvent cruel et barbare … Coll allait adorer !!

Oui je pense que celui conviendra. Mais ils sont deux et si je ne rapporte qu’un seul livre, ça sera l’enfer. Il n’en faudrait un autre mais un différent pour Aileen. Comme elle est plus âgée, peut être quelque chose de plus réfléchi. Il n’existerait pas des collections où le personnage est récurrent. Mais pas Harry Potter, j’en ai déjà assez entendu parler !

La libraire n’allait pas se débarrasser aussi facilement de la jeune MacIan. Elle avait l’habitude d’obtenir ce qu’elle voulait et elle comptait bien sortir de la boutique, pleinement satisfaite de ses achats. Elle avait parfaitement compris qu’elle l’avait mis mal à l’aise avec sa question, que même peut-être elle ne voulait pas la voir mais elle n’en avait que faire. Ce n’était pas de sa faute si Duncan l’avait peiné. Elle continuan donc sans une once de gène à se renseigner ce qui pourrait être le livre parfait.

Le malaise de la jeune femme, ne passa pas inaperçu aux yeux de sa cliente, elle s’en était bien rendu compte, aussi fit-elle de son mieux pour recouvrer totalement son professionnalisme. Elle ne connaissait pas la jeune femme, et ne voulait pas être désagréable, mais le sujet sembla ne pas la passionner ou alors c’était tellement banal pour elle qu’elle n’y portait pas plus d’attention que cela. Non, la jeune MacIan retourna son attention sur les livres et ce que la commerçante lui disait. Eli’ quant à elle reprit peu à peu contenance, désarçonnée qu’elle avait été par la « brusquerie » de la question de Mòrag.

L’autre client qui flânait depuis tout à l’heure entre les rayons poussa un profond soupir en secouant la tête d’un air navré. Visiblement, il n’avait pas trouvé son bonheur… Relevant les yeux ils croisa le regard de la libraire, ses yeux la fixant à travers ses lunettes à double foyer. Enfin, il prit la parole, peu soucieux d’interrompre une vente et héla la jeune femme.

« Vous n’avez pas Astrophysical Formulae de Kenneth Lang ? »

Comme si elle était spécialisée en astrophysique et que ce genre d’ouvrages se vendait à la pelle dans une petite ville comme Achilty. Eli adopta pourtant un large sourire et s’excusa un instant auprès de sa cliente pour se tourner vers l’homme aux lunettes.

« En effet, nous ne l’avons pas. Mais je peux vous le commander si vous le souhaitez… »

L’homme fronça les sourcils en jugeant la proposition, puis jeta un coup d’œil à sa montre avant de secouer la tête d’un geste assez rageur. Contournant une étagère il s’éloigna vers la porte tout en répondant.

« Je n’ai plus le temps, je repasserai… »

L’instant d’après, il était dehors et Eli’ haussa les épaules avant de se tourner à nouveau vers Mòrag. Avec cette petite intervention, elle avait un peu perdu le fil, mais le retrouva rapidement. Elle voulait une sorte de saga mais pas du Harry Potter, et pour une petite fille…

« Où en étions-nous ? Ah oui… Dans le genre classique j’ai aussi le recueil des chroniques de Narnia de C.S. Lewis. Les personnages ne sont pas récurrents dans toutes les histoires mais ça tourne autour du même univers. Vous avez dû en entendre parler, ils sont revenus à la mode ces derniers temps grâce à la sortie de deux films… »

Dans le genre saga, elle aurait aussi pu proposer du Tolkien, mais pour une enfant, ce n’était franchement pas adapté… Beaucoup trop difficile à lire. Peut-être dans quelques années.

Curieusement, elle était de nouveau à l’aise, principalement parce que la jeune MacIan ne lui avait pas posé d’autres questions qui débordaient du cadre professionnel. La jeune anglaise avait retrouvé son professionnalisme, un sourire aux lèvres, prête à conseiller sur les livres et plus du tout gênée.

Morag n’en revenait pas ! Quand elle était entrée dans la boutique, elle n’était pas l’unique cliente, un homme était déjà présent occupé à voguer entre les rayons. Il ne semblait pas avoir besoin de la vendeuse et c’est pourquoi Mòrag avait directement pu l’aborder. Elle avait déjà fait une première transaction et s’apprêtait tout juste à en effectuer une deuxième et c’est à ce moment-là que l’homme se manifesta, sans aucune gêne. Mòrag en fut plus qu’agacée, il agissait comme si elle était invisible et ne supportait pas du tout cela. Une expression d’impatience se lut sur son visage. Elle lança un regard ardent à l’homme jusqu’à ce qu’il quitte finalement la boutique. Elle ne savait pas si l’homme avait pas perçu son regard, il se semblait pas plus touché que cela.

Quand les deux jeunes femmes furent seules, Elisa reprit immédiatement le cours de leur transaction. Mòrag qui avait toujours les yeux rivés sur la porte, se ressaisit en l’entendant prendre parole. Elle proposait les chroniques de Narnia. Mòrag n’en avait jamais entendu parler contrairement à ce que supposait la jeune Anglaise. Elle prit le livre entre ses mains et lu très vite le résumé du premier tome. Elle remarqua les mots enfants, magiciens et univers fantastique. Elle tourna le livre pour visualiser la première page. Une espèce de cheval ailé portant un garçon était dessiné. Cela semblait faire l’affaire. Elle regarda Elisa et répondit :

- Ça devrait convenir

Le ton employé était devenu plus distant que précédemment. Comme si l’intervention du client l’avait brusqué et vexée. Ce n’était pas la faute de la vendeuse, mais Mòrag n’avait pas l’habitude de faire la part de chose dans ce genre de cas. Les deux livres dans ses mains, elle se tourna immédiatement en direction de la caisse et déposa ses achats sur le comptoir. Elle attendit que la jeune vendeuse la rejoigne et fouillât dans son sac à la recherche de son porte-monnaie. Sans même relever la tête, elle questionna Elisa :

- Vous lui en voulez ?

Sa question était bien évidemment hors contexte. Sa curiosité avait été chatouillée quelques minute auparavant, et elle ne pût se retenir. Elle faisait bien sur allusion à son frère. Consciente qu’elle n’était pas très claire, elle porta son regard sur la libraire et précisa :

- A mon frère ? Vous lui en voulez ?

» Elisa Wells